Note des utilisateurs: / 4
MauvaisTrès bien 
Aujourd'hui - Actualités

Moulage du Christ du Vinâve de Cheratte

 

Le 7 avril 2010 à 9 h , Alphonse Snoeck et son épouse Annette Houet ont débuté les opérations de moulage du Christ du Vinâve de Cheratte . 

J’ai eu le plaisir de suivre l’intégralité de ces opérations délicates et précises , qui ont permis , après deux jours et demi de travail , de contempler une copie très réussie de ce vieux Christ du 14e siècle . 

Alphonse et Annette sont venus , en voiture , avec tout leur matériel , de leur petit coin du sud de la France ensoleillée , apporter leur grande expérience et tout leur savoir-faire à la réalisation de la copie de cette œuvre majeure de notre patrimoine .

Ils ont , là-bas chez eux , un atelier renommé de sculpture et  de moulage au service des monuments historiques , des musées et des collections privées .

Vous pouvez les rejoindre , par Internet , sur leur site.

 

SNOECK_2

 

La première opération a consisté à trouver un local , au centre culturel de Visé , où réaliser le moulage , ce qui prenait deux à trois jours d’immobilisation de ce local . C’est le local des Anciens Combattants , bureau de Mr Bellem , qui a été retenu , mis très aimablement à disposition par le locataire des lieux . 

Le Christ , conservé au Musée de Visé , a été descendu dans ce bureau , la matériel y a été transporté , les tables de travail ont été protégées … les artistes ont pu commencer . 

Le Christ a été enduit d’une fine pellicule d’enduit liquide , avant d’être enrobé d’élastomère de silicone , destiné à constituer le moule flexible et malléable , dans lequel sera coulé , plus tard , le produit de moulage .

 

SNOECK_1

Cet élastomère épouse fidèlement toutes les petites aspérités et détails du support à reproduire, ce qui permettra de réaliser une reproduction aussi fidèle que possible , compte tenu que le Christ a été recouvert de plusieurs couches de vernis et de produits de protection du bois , ce qui gomme un peu les petits reliefs de la sculpture .

L’élastomère a eu le temps de durcir pendant la pause de midi , et à quatorze heures , la seconde phase a pu être entamée .

Les fenêtres du local ont été grandes ouvertes pendant l’opération , l’odeur de l’élastomère étant très forte , semblable à celle de la dissolution utilisée jadis pour coller les pièces destinées à réparer les chambres à air de vélo trouées. 

 

Des petits rectangles de fibre de verre ont été trempés dans du plâtre liquide , et appliqué soigneusement sur toutes les surfaces du Christ , enveloppant celui-ci sur toute sa partie supérieure et latérale , le dos restant libre pour le démoulage futur .  On peut remplacer la fibre de verre par de la filasse , plus difficile cependant à trouver .

Le plâtre est ensuite lissé à la main , avec un peu d’eau , pour bien recouvrir toute la surface à traiter .  Le plâtre durcissant progressivement , le travail a dû s’arrêter à seize heures , et c’est dans une gangue très serrée que le Christ va passer sa première nuit de repos , dans le bureau qui l’a accueilli .

 

Le lendemain , vers neuf heures , quelques retouches sont faites au plâtre , surtout dans ses parties latérales, de façon à ce que tout le moule en élastomère puisse reposer sur une assise solide , lorsque le moment de couler la résine sera venu .

Encore quelque temps pour laisser un peu sécher ces ajouts plâtrés , puis , la phase de démoulage pourra commencer .

 

 

SNOECK_93

 

Précautionneusement , le plâtre est soulevé au niveau des pieds . Il s’agit de créer un appel d’air entre l’élastomère et la surface en bois du Christ , afin de faciliter le démoulage , sans pour cela risquer de fendre le support plâtré qui doit rester rigide .

Quelques difficultés au niveau des bords le long des jambes et des bras , plus particulièrement aussi des mains .  Les rebords sous le dos du Christ doivent être soulevés à l’aide d’un outil , tourne-vis aidé par de petits coups de marteau , appliqués avec précaution et précision .

Progressivement , l’enveloppe se détache du corps , l’air pénètre à tous les niveaux entre l’élastomère et le bois et le tout se détache .

Dans sa gangue plâtrée , l’élastomère montre les détails intérieur du moule , et on peut admirer , comme en négatif , la reproduction du Christ du Vinâve . 

 

 

SNOECK_94

 

Une troisième phase peut commencer . De la poudre de phylite , poudre de résine grisâtre , va être mélangée avec un liquide , auquel sera ajouté un colorant éclaircissant , puis un accélérateur de durcissement , le tout dosé très précisément , pour constituer une pâte liquide qui sera versée , comme première couche , sur toute la surface intérieure du moule en élastomère . Ce moule est , bien évidemment , toujours posé dans son enveloppe plâtrée , pour assurer la rigidité du moule et un bon remplissage de celui-ci , selon les formes du modèle .

Précautionneusement , du bout des doigts , la pâte encore liquide est pressée pour épouser parfaitement tous les petits détails du moule , afin d’assurer un moulage aussi fidèle que possible de l’original .

 

 

SNOECK_95

 

Une armature de soutien en aluminium est placée au niveau des bras , jusqu’aux mains, d’une seule pièce d’une main à l’autre , pour assurer une sécurisation du maintien de ces parties plus fragiles. Cette structure a été préparée pour pouvoir être placée rapidement au moment voulu. 

Ensuite , plusieurs récipients de poudre de phylite sont préparés , toujours méticuleusement, qui vont permettre le remplissage complet du moule . Le travail en symbiose , entre Alphonse et Annette est parfait ; on voit qu’ils se comprennent et ont l’habitude de travailler ensemble.

Tout le moule est bien rempli , même un peu plus haut que le bord. Le tout va pouvoir sécher  pendant le temps de midi . L’accélérateur , mélangé à la phylite , assure un séchage rapide.

 

SNOECK_96

Vers quinze heures , le démoulage va pouvoir se faire . Le plâtre de soutien est enlevé. Très délicatement , l’élastomère est soulevé , des pieds d’abord , puis des autres parties du corps , avec une attention particulière pour les parties plus fragiles , les mains et les bras , sous les yeux émerveillés de Maryse et de sa stagiaire , accourues pour assister à cette phase critique .

 

 

SNOECK_97

 

Pour dire vrai , le démoulage a été plus rapide que prévu et il a fallu reposer toute l’enveloppe sur le Christ , pour que Maryse puisse penser assister vraiment à cette opération !!

Le résultat est surprenant . Les moindres détails sont apparents sur le moulage . Le matériau utilisé est vraiment magique . Comparé au Christ initial , on jurerait des jumeaux , la teinte mise à part . Quelques détails cependant sont estompés , à cause du recouvrement par les diverses couches de vernis et teintures appliqués au cours des années sur l’original : ces couches remplissent un peu les creux et cachent ainsi certains reliefs qui apparaissent moins accentués que sur l’original .

 

 La suite de la procédure va se dérouler à l’extérieur . Il s’agit de poncer les volumes excédentaires qui sont présents surtout au niveau de l’arrière du moulage , mais aussi au niveau des creux entre les jambes . Travail commencé à la ponceuse sur laquelle sont appliqué des disques de différents grains selon les besoins . On voit alors apparaître , dans un nuage de poussière grise , les contours plus précis de l’arrière du moulage . Les finitions se font au papier de verre , plus ou moins fin selon les surfaces à traiter . Le travail le plus délicat consiste à reprendre quelques aspérités ici ou là , sur les surfaces antérieures , comme le visage , les mains , les pieds ou le torse . Ici encore , c’est le métier qui parle .

 

 

SNOECK_98

 

Un petit coup de pinceau pour dépoussiérer , et une première couche de vernis incolore peut être posée sur la partie antérieure du moulage . Il faut laisser sécher .  Les détails du moulage apparaissent plus finement grâce au vernissage . Quelques essais de teinture sont faits sur les mains et les pieds , pour vérifier un aspect bois et une patine à donner un peu plus tard .

Il faudra aller se procurer une teinture plus foncée que celle prévue , trop rouge et pas assez aspect bois . Alphonse ira choisir la bonne teinte dans une droguerie visétoise , pendant que la première couche de vernis sèche . 

Le lendemain matin , la teinture est appliquée à la brosse , avec une patine au tampon, pour faire ressortir les détails des creux et donner un aspect « bois » au moulage de résine . 

La finition est donnée , enfin , par l’application d’une seconde couche de vernis , ainsi qu’au vernissage de la partie arrière du moulage .

Le Christ original peut être replacé dans le musée .

Sa copie , superbe , est montée à son tour dans la salle du musée , pour séchage complet .

Il restera à faire réaliser une nouvelle croix , avant de replacer la copie dans la petite chapelle de Cheratte-bas , où les Cherattois retrouveront leur Vî Bon Dju .

 

 

SNOECK_100

 

Le travail est terminé pour Alphonse et Annette . Le matériel peut être rechargé dans la voiture , et les artistes repartir pour d’autres travaux qui les attendent .

 

 

 

 

 

 

 

Mis à jour (Vendredi, 29 Mars 2013 09:05)